Pour la deuxième partie, Wolfskers (« Belladone »), Cassiers s'inspire de trois scénarios du cinéaste russe Alexandre Sokourov, dont les sujets respectifs sont Lénine, Hitler et Hirohito.
Dans ses films, Sokourov montre plutôt les trois autocrates dans leur passivité et leur léthargie qu'en tant que détenteurs du pouvoir suprême. Le cinéaste, s'intéressant relativement peu aux détails du contexte historique dans lequel évoluent ses personnages, s'attache surtout à leurs « moments perdus ». La création d'une certaine ambiance est un élément important de son esthétique cinématographique. Sokourov se dit intéressé par l'être humain et par ce qui lui arrive lorsqu'il dispose du pouvoir : « Ces potentats ont transformé leur vie en pièce de théâtre. Poussés par un mythe, ils ont façonné et mis en scène leur existence en l'adaptant et en l'assujettissant à des rituels et des cérémonies. »
Alors que dans Mefisto for ever, le théâtre était la vérité pour Kurt Köpler, les trois autocrates des films de Sokourov ont converti leur vie en théâtre. Sokourov les montre en tant qu'artistes pervers, au moment où la façade s'effrite. Dans Wolfskers, Guy Cassiers (en collaboration avec l'auteur Jeroen Olyslaegers) fait s’enchevêtrer les trois scénarios pour suivre chacun des protagonistes pendant une journée de sa vie. Dans la mise en scène de Cassiers, les trois personnages principaux sont statiques, tandis que leur « cour » s'agite en permanence. Les trois « entourages » sont interprétés par les mêmes acteurs ; ils sont l'élément dynamique du spectacle. Wolfskers montre comment le pouvoir fait l'effet d'un poison, tant sur ses détenteurs que sur ceux qui les entourent.
Triptyque du pouvoir
Après son impressionnant cycle Proust, une méditation théâtrale émouvante et recueillie sur la mémoire et le temps révolu, Guy Cassiers consacre à présent une nouvelle trilogie aux rapports complexes entre l'art, la politique et le pouvoir.
Le premier volet, Mefisto for ever, d'après le roman Mephisto de Klaus Mann, a été créé à l'automne 2006. Pour la deuxième partie, Wolfskers (« Belladone »), Cassiers s'inspire de trois scénarios du cinéaste russe Alexandre Sokourov, dont les sujets respectifs sont Lénine, Hitler et Hirohito. La troisième pièce, Atropa, se base sur des tragédies grecques, plus particulièrement celles qui portent sur la guerre de Troie.
Les trois volets peuvent être vus séparément, mais ici aussi, l'ensemble vaut bien davantage que la somme des éléments. Comme dans le cycle Proust, la forme en triptyque offre la possibilité d'approfondir et d'ouvrir plus largement le thème abordé. À mesure que se construit la trilogie, les échos se multiplient.
Mefisto for ever est le récit de la séduction (infernale) du pouvoir. Wolfskers parle de l'intoxication du pouvoir (« wolfskers » est le nom néerlandais de la belladone, une plante d’une grande toxicité). Atropa traite de d’une agonie du pouvoir (outre le nom générique d'une plante vénéneuse, Atropa est celui de la Parque grecque qui sectionne le fil de la vie).
mise en scène
- Guy Cassiers
adaptation
- Guy Cassiers
- Erwin Jans
- Jeroen Olyslaegers
d'après
- Yury Arabov / Aleksandr Sokurov
encadrement textuel
- Tom Lanoye
interprétation
- Michael Vergauwen
- Jos Verbist
- Johan Leysen
- Veerle Eyckermans
- Gilda De Bal
- Suzanne Grotenhuis
- Dries Vanhegen
- Marc Van Eeghem
- Vic De Wachter
design
- Enrico Bagnoli
- Diederik De Cock
- Arjen Klerkx
vidéo
- Peter Missotten
- Ief Spincemaille
musique
- Dominique Pauwels
conception costumes
- Tim Van Steenbergen
remerciements à
- Christelijke Mutualiteit / Thuiszorgwinkel (Antwerpen)
production
- Toneelhuis