Peu d’artistes ont autant de flèches à leur arc que la Britannique d’à peine 35 ans, Kate Tempest : ses poèmes et ses romans lui ont d’emblée valu une série de prix et ses performances de spoken word lui confèrent une aura de rock star qui se produit dans des salles combles.

Dans son poème oral Tiresias, Tempest fait muer l’identité de l’orateur d’homme en femme et de femme en devin aveugle qui acquiert une clairvoyance sur l’existence humaine. Un rôle taillé sur mesure pour l’actrice Katelijne Damen avec laquelle Guy Cassiers a créé précédemment le spectacle Orlando d’après Virginia Woolf. Orlando, tout comme Tiresias, raconte l’histoire de la transformation d’un homme en femme et soulevait avec acuité toutes les questions de l’identité.

Tempest situe cette problématique au cœur d’un contexte urbain contemporain dans lequel un individu court toujours davantage le risque de facilement se perdre. Chez elle, Tirésias est un adolescent d’aujourd’hui, âgé de quinze ans, qui se transforme en femme et finalement en prophète que personne n’écoute. Nonobstant la gravité apparente du thème, la langue de Tempest est particulièrement ludique et concrète.

Le décor est le même que celui d’Antigone in Molenbeek, mais face à la voix de Tirésias, Guy Cassiers fait à présent répondre la Huitième Symphonie de Dmitri Chostakovitch, interprétée en direct par l’Antwerp Symphony Orchestra dans la salle Élisabeth lors de deux concerts exclusifs.