L’auteur britannique Martin Amis a publié à la fin des années 90 un recueil de nouvelles, Heavy Water and Other Stories (Eau lourde et autres nouvelles). Le regard de Benjamin Verdonck est resté fixé sur l’étrange Let me count the times (Combien de fois), l’histoire d’un homme qui se perd dans un recensement obsessionnel du nombre de fois où il se satisfait.

Accompagné par le musicien Han Stubbe, Benjamin Verdonck se fraye systématiquement un chemin à travers le récit d’une fixation qui pousse un être humain à des excès.

VERNON ÉTAIT UN HOMME D’AFFAIRES
SUR SON BUREAU SE TROUVAIT UN TAS
DE MACHINES À CALCULER ÉLECTRONIQUES
VERNON INTRODUISAIT RÉGULIÈREMENT SES ACTES CONJUGAUX
DANS CES MACHINES RAPIDES EFFICACES ET EXTRÊMEMENT DISCRÈTES
ELLES DONNAIENT TOUJOURS JOYEUSEMENT LA MÊME RÉPONSE
COMME SI ELLES VOULAIENT DIRE
OUI VERNON TU LE FAIS AUSSI SOUVENT QUE ÇA
OU
NON VERNON TU NE LE FAIS PAS PLUS SOUVENT QUE ÇA
VERNON PASSAIT D’ENTIÈRES PAUSES-DÉJEUNERS
PENCHÉ SUR SES MACHINES À CALCULER
ET POURTANT IL SAVAIT QUE D’UNE FAÇON OU D’UNE AUTRE
CES CHIFFRES N’ÉTAIENT QUE DES APPROXIMATIONS
OH VERNON LE SAVAIT VERNON LE SAVAIT