La lauréate du prix Nobel Elfriede Jelinek écrit Die Schutzbefohlenen en 2013, en réaction à la problématique toujours plus navrante de la situation des réfugiés en Europe. Deux ans avant que la crise des réfugiés n’éclate dans toute son intensité, elle écrit cette pièce qu’elle continue à compléter et à alimenter de commentaires sur son site internet. Pour Jelinek, le réfugié est la figure par excellence permettant de sonder la situation actuelle de l’Europe et de mener la discussion sur les valeurs et normes, la place de la religion, la responsabilité de la politique.
Avec son titre référant à l’œuvre classique Les Suppliantes d’Eschyle (Die Schutzflehenden en allemand), Jelinek donne une voix aux demandeurs d’asile et dénude d’une plume trempée dans le vitriol le cynisme et le racisme latent de la politique européenne. Son texte peut être qualifié de prophétique : elle évoque avec une précision glaçante – des années avant les faits – toutes les images qui se sont entre-temps gravées sur notre rétine, et qui vont des petits cadavres d’enfants noyés à celles des lugubres cargaisons des camions frigo.
Jelinek a tendu l’oreille à une société en crise. Son texte polyphonique donne aussi bien la parole au demandeur d’asile qu’à l’Européen blanc apeuré, parfois dans un écheveau inextricable. Ainsi, nous entendons les désirs, les espoirs et les chagrins des réfugiés, leur périple semé d’embûches, leur arrivée difficile et la dure réalité à laquelle ils font face en Europe, mais aussi les préjugés, les peurs, l’agressivité et les frustrations des Européens qui ne savent pas que faire ni comment réagir à l’arrivée de tous ces migrants.
Face au flot de paroles de Jelinek, Guy Cassiers n’insère pas seulement des images dans sa mise en scène, mais également la présence physique de danseurs. À leur manière, les corps des danseurs représentent le voyage périlleux, pénible et la situation désespérante des demandeurs d’asile.
À l’étranger, ce texte de Jelinek a le plus souvent été mis en scène avec des demandeurs d’asile interprétant leur propre rôle. Guy Cassiers considère que le spectacle traite peut-être en premier lieu de la façon dont le théâtre peut se rapporter à la question des réfugiés : des comédiens peuvent-ils incarner sans plus des demandeurs d’asile ? Un spectacle de théâtre peut-il représenter leur récit ? L’art peut-il s’approprier leur expérience en tant que « thème » ?
Guy Cassiers s’attaque au texte véhément de Jelinek et en fait le volet d’un diptyque sur la problématique de la migration. Il place la violence verbale de Grensgeval face au texte touchant et poétique, mais non moins poignant La petite fille de monsieur Linh (Philippe Claudel).
Guy Cassiers monte le spectacle avec quatre comédiens et des étudiants en danse du Conservatoire royal d’Anvers. La chorégraphe française Maud Le Pladec assure la chorégraphie. À l’automne, nous prévoyons un remake du spectacle avec des étudiants du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (CNSMD Lyon) et la production poursuit sa tournée internationale.
Danseurs en Belgique, Pays-Bas, Avignon (FR), Girona (ES):
Samuel Baidoo, Machias Bosschaerts, Pieter Desmet, Sarah Fife, Berta Fornell Serrat, Julia Godina Llorens, Aki Iwamoto, Daan Jaarsveld, Levente Lukacs, Hernan Manchebo Martinez, Alexa Moya Panksep, Marcus Alexander Roydes, Meike Stevens, Pauline Van Nuffel, Sandrine Wouters, Bianca Zueneli
Danseurs en Orléans (FR), Valenciennes (FR), Mulhouse (FR):
Laura Anglade, Nina Barbé, Lily Brieu, Mélen Cazenave, Romane Piffaut, Kostia Choix, Gaspard Charon, Pierre Chauvin-Brunet, Guillaume Forestier, Bastien Gache, Valentin Henri, Franck Sammartano
Le Flamand met magistralement en scène une pièce de la Prix Nobel autrichienne, qui fait réonner Eschyle, Bosch, et le drame, des réfugiés.
"Un noir poème de douleur et de colère où s’entremêlent verbe, danse, images et son"
"Le résultat a la beauté d’un oratorio et la force d’un bulldozer."
Downloads
mise en scène
- Guy Cassiers
auteur
- Dina Dooreman
texte
- Elfriede Jelinek
traduction
- Tom Kleijn
avec
- Abke Haring
- Han Kerckhoffs
- Katelijne Damen
- Sanne Samina Hanssen
- Lukas Smolders
conception lumière
- Fabiana Piccioli
conception vidéo
- Frederik Jassogne
conception son
- Diederik De Cock
chorégraphie
- Maud Le Pladec
costumes et décor
- Tim Van Steenbergen
production
- Toneelhuis
coproduction
- CDN Orléans
- Festival d'Avignon
- La Filature, Mulhouse
- Le Phénix, Scène nationale de Valenciennes
- CCNO - Centre Chorégraphique National d’Orléans
- Scène nationale d'Orléans
en collaboration avec
- Bachelor dans Koninklijk Conservatorium Antwerpen AP Hogeschool
- CNSMD Lyon