Qu’est-ce que j’entends?
Rien, ce sont les feuilles qui tombent.
Oui, ce sont les feuilles qui tombent sur la terrasse.
Pour son nouveau spectacle dans la grande salle, De indringer, Peter Missotten prend comme point de départ une adaptation de la pièce en un acte de Maeterlinck, L’Intruse, de 1890. Avec ses acteurs, il crée de toutes pièces un monde suffocant qui fait resurgir nos angoisses primaires : la forêt ténébreuse, l’autre, l’inconnu, la mort.
De indringer se focalise sur ces angoisses, mais aussi sur la fascination qu’elles suscitent en nous. L’angoisse nous touche au plus profond de nos fibres. Missotten met en scène un univers étouffant et sombre, peuplé de figures silencieuses, se mouvant au ralenti. Nous sommes témoins de quelque chose que nous ne voulons pas voir, mais continuons à regarder, envoûtés. Le malaise est exacerbé. “It’s what we try to get away from throughout our lives”, disait l’acteur Boris Karloff à propos de l’horreur. C’est la peur de la faille dans notre réalité, du trou noir dans lequel nous craignons de disparaître.
J'ai des meules de moulin sur les yeux! Mes filles, dites-moi donc ce qui arrive ici ! dites-le moi pour l'amour de Dieu, vous autres qui voyez! Je suis ici, tout seul, dans des ténèbres sans fin! Je ne sais pas qui vient s'asseoir à côté de moi. Je ne sais plus ce qui se passe à deux pas de moi ... Pourquoi parliez-vous à voix basse, tout à l'heure?
Peter Missotten aime le théâtre, et aussi la salle de théâtre. Il se plaît à les transformer en constructions de son cru. Chaque nouveau décor est une nouvelle salle de théâtre, une nouvelle machine de théâtre. Pour son spectacle De wilde wilde weg il a transformé le Bourla en un podium-passerelle qui s’enfonçait loin dans la salle, tandis que que le public regardait l’action d’en haut, aux balcons. Pour WeerSlechtWeer, le public était logé dans une construction métallique dans laquelle la pluie et l’orage étaient créés. Pour Serre, les spectateurs, munis de casques à écouteurs, étaient installés dans une cage en verre, dans le parc. Pour Kwartet, le public, allongé à terre, regardait jouer les acteurs sur une plateforme en suspension. « Regarder », pour Peter Missotten, ne veut jamais dire s’installer candidement dans un fauteuil. Et c’est toujours un regard hanté …
Pour De indringer, il a aussi créé une atmosphère particulière. Missotten emmène le public dans un trip inquiétant dans lequel l’angoisse et le malaise ne le cèdent qu’à la fascination. “Qui épie, périt.” Le spectateur est averti.
mise en scène
- Peter Missotten
de et avec
- Joost Maaskant
- Krisjan Schellingerhout
- Marc Vanrunxt
- Benjamin Moen
- Dries Vanhegen
- Abke Haring
- René Nijman
- Teun Luijkx
design
- Peter Missotten
dramaturgie du film
- Ellen Stynen
production
- Toneelhuis
- Toneelhuis
- De Filmfabriek