Dans Atropa, Naomi Vellissariou et Floor Houwink te Cate célèbrent le combat pour l’émancipation dans un langage que leur génération comprend le mieux : celui des rythmes saccadés et de la poésie acérée. Atropa raconte l’histoire de la guerre de Troie dans une osmose entre le classique et le contemporain, tant sur le plan du thème que du langage. L’écrivain Tom Lanoye a transformé ce récit séculaire de la lutte entre l’Orient et l’Occident en une critique de l’impérialisme contemporain. Atropa montre de manière viscérale la violence qu’entraîne une guerre. Le texte et le spectacle mettent en évidence la peur qui découle de la violence et l’idée ironique que le chemin qui mène vers la liberté doit forcément être pavé de souffrance. La guerre que se mènent les hommes dans Atropa se fait au détriment des femmes, qui perdent leurs enfants, leurs amours, leurs corps et leurs terres au profit de leurs oppresseurs. Les femmes grecques font face aux femmes troyennes qui, après l’occupation de leur ville, préfèrent la mort à une vie de soumission:
« Vous êtes aussi entachée de culpabilité que votre époux – peut-être encore davantage, car
vous n’avez jamais cru en ce qui le motive. Il a au moins une excuse, la patrie. Qu’invoquez-vous pour votre défense ? Qu’est-ce qui vous a dissuadée de vous opposer ? Combien de Troyens vous doivent la vie sauve ? Où reste votre confession, votre pénitence pour votre silence ? Que pourrais-je implorer ? Vous m’êtes obligée. »
Atropa n’est pas une histoire innocente à propos d’une guerre dans un passé lointain, mais
un protorécit à propos de création d’images, d’oppression et de xénophobie. En choisissant
de ne pas céder à la cécité face à la couleur de peau pour la distribution du spectacle, les
créatrices jettent une lumière différente sur ce récit à la source de l’histoire de la littérature
occidentale.
Naomi Velissariou et Floor Houwink ten Cate font d’Atropa une bacchanale linguistique. Elles
transforment la grande salle en arène de violence musicale et de spectacle visuel. Dans la
scénographie de verre de Dennis Vandenbroeck, la tragédie est à portée de main du public.
Les coups de boutoir rythmiques que Tom Lanoy inflige au langage s’affûtent à la conception
sonore de Joost Maaskant et Jimi Zoet qui varie entre techno, doom, metal, hardcore, trap et
drill. Les costumes de MAISON de FAUX font de ce théâtre de combat un défilé de mode de
la mort.
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*L’intersectionnalité (également appelée intersectionnalisme) est le phénomène selon lequel « l’inégalité sociale se produit sur différents axes, qui se croisent à des intersections » ; la notion englobe le fait que des individus d’une société subissent des discriminations et des oppressions en raison d’une multiplicité de facteurs.
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À PROPOS DU TEXTE
Atropa. La vengeance de la paix est un texte de Tom Lanoye, écrit en 2008 et créé la même année au Festival d’Avignon dans une mise en scène de Guy Cassiers. En 2012, Lanoye a remporté le prix des textes de théâtre, car selon l’Académie royale de la langue et de littérature néerlandaises : « Dans Atropa, il cherche les racines du mal qui s’appellent guerre et violence et analyse ce faisant le jeu du pouvoir. »
À PROPOS DES METTEUSES EN SCÈNE
Naomi Velissariou et Floor Houwink ten Cate travaillent ensemble depuis cinq ans sous différentes constellations, entre autres, aux productions Sontag (2017), PERMANENT DESTRUCTION: The HM Concert (2019) et PERMANENT DESTRUCTION: Pain Against Fear (2020). Pour Atropa, elles unissent leurs forces dans une co-mise en scène qui est en même temps leur prise d’assaut commune de la grande salle.
Downloads
- Programme Atropa (PDF) 863 KB
interprétation
- Annelinde Bruijs
- Thibaud Dooms
- Denise Jannah
- Vanja Rukavina
- 'Ntianu Stuger
- Naomi Velissariou
- Jasmine Sendar/ Adanna Unigwe
- Megan de Kruijf (stand-in)
texte
- Tom Lanoye
conception
- Naomi Velissariou
mise en scène
- Naomi Velissariou
- Floor Houwink ten Cate
assistance à la mise-en-scène
- Anne Liket
musique
- Joost Maaskant
- Jimi Zoet
dramaturgie
- Nita Kersten
scénographie
- Studio Dennis Vanderbroeck
conception lumière
- Tim van 't Hof
conception costumes
- MAISON the FAUX
conception son
- Sander van der Werff
coproduction
- Toneelhuis
- Theater Utrecht
- Orkater
- De Grote Post
- Stichting Naomi Velissariou
rendue possible par
- Prins Bernhard Cultuurfonds
- Ammodo
avec le soutien de
- de Tax Shelter van de Belgische federale overheid
- via Look@Leo