Biographie détaillée de FC Bergman

FC Bergman (2008) se compose de six acteurs / créateurs / artistes: Stef Aerts, Joé Agemans, Bart Hollanders, Matteo Simoni, Thomas Verstraeten et Marie Vinck. Depuis 2008, les membres du collectif ont créé un langage théâtral très personnel qui, outre un côté anarchiste et légèrement chaotique, est avant tout très évocateur et poétique. Leurs spectacles se focalisaient souvent sur l’homme qui se débat, sans jamais renoncer. La poétique de FC Bergman repose sur une conscience profonde de la finitude, sur la notion que chaque existence porte en elle les germes de sa propre disparition.

Stef, Matteo, Thomas, Bart et Marie se sont rencontrés au cours de leur formation en art dramatique à l’Institut Artesis, l’ancien Studio Herman Teirlinck. Le technicien de plateau Joé Agemans a rejoint le noyau artistique du « Foute Club » (club de mauvais aloi) après De rotsebreker (le briseur de rocher), la première production qu’ils ont montée à l’issue de leur formation. De rotsebreker se composait d’une succession insolite de scènes des pièces Het leven en de werken van Leopold II (La vie et les œuvres de Léopold II) de Hugo Claus et Fort Europa de Tom Lanoye. Pour la circonstance, le texte de Claus était joué sur le mode grotesque, avec des scènes musicales de bas étage, un éléphant gonflable et des figurants grimés en noir qui jouaient les « nègres » – une farce régulièrement interrompue par de sobres fragments de textes de Fort Europa. Après ces prémices, FC Bergman a décidé de transformer le « club de mauvais aloi » en compagnie de théâtre. En 2008, une partie de l’équipe a porté à la scène De thuiskomst, une adaptation anarchique de la pièce The Homecoming (Le Retour) de Harold Pinter. Revu par FC Bergman, le drame familial de Pinter, d’habitude si flegmatique, se déroulait au sommet d’une énorme montagne de déchets divers. Le collectif massacrait le « décor », faisait rouler des voitures sur scène et n’hésitait pas à se servir d’un langage dialectal et grossier. Rageur et féroce, De thuiskomst a démonté le public et a valu au collectif le prix du jeune théâtre du festival Theater Aan Zee 2009 à Ostende.

La même année, le Monty a invité toute la compagnie en résidence. Celle-ci y a monté plusieurs spectacles de petite envergure, dont Voorproef op fragmenten van een nieuwe wereld (Avant-goût de fragments d’un nouveau monde), qui s’est avéré significatif pour leur futur parcours artistique et renouait avec De rotsebreker sur le plan stylistique. Voorproef est une installation qui se composait d’une série de machines de théâtre que FC Bergman a construites en une semaine et solennellement inaugurées le septième jour, en présence du public. Une création miraculeuse, au cours de laquelle des moutons volaient dans les airs et des étoiles dégringolaient du ciel, promettant au départ un monde idéal, réalisable, jusqu’à ce que les machines tombent en panne… La course surréaliste de cet « avant-goût » appelait à être répétée. Ce qui s’est fait de façon magistrale en 2009, avec une production au titre impossible, Wandelen op de Champs-Élysées met een schildpad om de wereld beter te kunnen bekijken, maar het is moeilijk thee drinken op een ijsschots als iedereen dronken is (Se promener sur les Champs-Élysées avec une tortue pour mieux observer le monde, mais il est difficile de boire du thé sur un iceberg quand tout le monde est ivre). La première du spectacle, librement inspiré de la Divine Comédie de Dante, a eu lieu dans l’ancienne Bourse du commerce, un édifice néo-gothique proche du Meir, à Anvers, où elle a frappé le paysage théâtral flamand de stupeur par son ardeur indomptable, son immédiateté physique crue, sa poésie baroque et son audace affichée. La production a été sélectionnée pour le Nederlands Theater Festival.

En 2010, FC Bergman interprète Het verjaardagsfeest (The Birthday Party de Harold Pinter) dans une mise en scène de Stany Crets. La première s’est déroulé dans le cadre du festival Theater aan Zee 2010 et le texte de Pinter, transformé en farce burlesque, s’est joué dans la cantine d’un club d’aviron ostendais.

En à peine un mois, FC Bergman a réalisé à la Toneelhuis une production spécialement pour l’édition 2011 du festival Antwerpse Kleppers: 300 el x 50 el x 30 el. Sur la scène, le collectif a érigé un village entier, avec sa grande place et un bois de pin à l’arrière-plan, qui vit dans l’angoisse d’un déluge imminent et voit ses habitants adopter d’étranges comportements frisant la psychose. Une caméra sur rails qui couvrait tout le village et épiait les personnages à l’intérieur de leurs maisons permettait au public de suivre sur un grand écran ce qui se passait dans les foyers. Bien qu’insolite, FC Bergman a réussi à persuader toute l’équipe du Bourla de réaliser ce projet impossible.

Dans le reportage de Stijn Dierckx pour le quotidien De Morgen, Niek Kortekaas a déclaré: « Bergman se profile comme un agréable dérèglement au sein du paysage théâtral. Ils comprennent l’art de traduire à la scène le déferlement d’impulsions visuelles qui caractérise la société actuelle. Donnez à cette jeune garde les moyens de poursuivre leur travail, de l’approfondir, d’aiguiser la narration. » - De Morgen, 31 janvier 2011.

Les invitations de festivals internationaux ont continué à affluer pour le spectacle. FC Bergman a répondu autant que faire se peut à ces invitations et s’est ainsi produit, entre autres, aux Berliner Festspiele et à Montpellier; on a également pu voir le spectacle à la Ruhrtriënnale à Essen, au festival Boulevard à Den Bosch et au Centre culturel Onassis à Athènes.

En 2012, FC Bergman a réalisé Terminator Trilogie (mai 2012) sur un terrain vague dans le port d’Anvers. Il s’agissait d’un monologue sans paroles, « un spectacle muet en plein air, à l’aube du XXIe siècle. Un siècle au cours duquel les options pour une existence heureuse sont à portée de main », dixit FC Bergman. Terminator Trilogie s’est joué dans plusieurs lieux (spectaculaires) en Belgique et aux Pays-Bas. Les journaux ont titré « Éloquence esthétique stupéfiante. Du théâtre grandiose des enfants prodigues anversois de FC Bergman. Sur l’étendue quasi infinie de la plage de l’île de Terschelling, l’immensité de l’espace joue un rôle crucial. De la tribune, on voit la plage et au-delà, à des centaines de mètres, on aperçoit de tout: un banc, un trampoline, un piano, une table de mini-foot, des chaises, et bien plus encore. (…) Le spectacle est dépourvu de texte et parfois accompagné de musique. L’étendue et le silence contribuent en grande partie à la force poétique des images cinématographiques. » (Jos Schuring, Theaterkrant.nl, juin 2012)

Entre-temps, les limites physiques et mentales ont été atteintes: pour la production que FC Bergman avait en tête, une production de théâtre musical de grande envergure, inspirée de la fable animalière Van de Vos Reynaerde (Le Roman de Renart), il n’était plus possible de travailler sans structure permanente. La production 300 el x 50 el x 30 el représentait une excellente occasion pour amorcer une collaboration plus structurelle entre la Toneelhuis et FC Bergman. En janvier 2013, les six créateurs de FC Bergman ont rejoint la Toneelhuis pour une période de quatre ans. En décembre 2013, l’impressionnant projet de théâtre musical Van den vos, créé en collaboration avec Liesa van der Aa, Muziektheater Transparent et l’ensemble de solistes Kaleidoskop (D), était une réalité. Le spectacle a été sélectionné pour le Theaterfestival 2014 et est toujours en tournée. Selon le rapport du jury: « Avec ce tour de force, cette bande de crâneurs prouve qu’elle est en train d’écrire un nouveau chapitre, intensément visuel, de notre histoire du théâtre. Ce spectacle constitue une étape intéressante dans leur œuvre et évolution, parce que la beauté visuelle et la force du contenu n’ont jamais atteint un tel équilibre.»

Si l’on peut souvent différencier deux « voies » dans l’œuvre naissante de FC Bergman – des spectacles portés par du texte (De thuiskomst, Het verjaardagsfeest) ou par l’image (Wandelen op de Champs-Élysees… 300 el x 50 el x 30 el) – elle se fonde toujours sur un même existentialisme tragique : un univers visuel où l’homme, voué à l’échec, lutte contre les moulins à vent de son existence. Malgré tout, cet être naïf tente de braver son sort. La beauté de cette tentative (d’évasion) fascine les Bergmaniens et constitue à la fois une composante essentielle de leur œuvre et un pendant indispensable à rendre supportable cette image sombre de l’être humain.

Dans son œuvre, FC Bergman réserve une marge considérable à l’imprévisibilité, la compagnie élabore des constructions impossibles et flirte avec les limites de l’imaginable et de la faisabilité. Cela s’exprime à travers le style de jeu brutal et le travail avec des animaux, des enfants ou des amateurs. Cette recherche du danger se traduit peut-être encore plus clairement dans le choix conséquent des lieux où ils se produisent, souvent hors les murs. Même lorsque les pièces se jouent dans un théâtre, ils les interprètent de manière à donner l’impression qu’elles se déroulent hors site.

Les spectacles de FC Bergman sont construits comme des collages et s’inspirent de sources éclectiques – allant de Camus à Walt Disney, de Lars von Trier à Pina Bausch, de la pornographie à la Bible, et tout ce qui peut y avoir entre les deux. Aussi, FC Bergman se compose-t-il de six personnalités très différentes avec des projets individuels des plus divergents, allant du film aux arts plastiques et du théâtre à la télévision.

En 2015 FC Bergman a réalisé un spectacle hors les murs Het land Nod (Le pays de Nod):  “Dans ce spectacle d’atmosphère, sans texte, FC Bergman se mesure aux grands maîtres : le naturalisme mystique de Romeo Castellucci, l’absurdisme mélancolique de Christoph Marthaler, et la dynamique dansante de Pina Bausch. Voilà qui confère de la grandeur visuelle à Het land Nod” – Wouter Hillaert dans De Standaard ***, 9 mai 2015. Le spectacle tourne en 2015-2016 et est invité en 2016 au festival d’Avignon (FR) et au Zürcher Theater Spektakel (CH). 300 el x 50 el x 30 el repris en 2016 au Bourla.

Remerciements à Evelyne Coussens.

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